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Il y a longtemps que je recherche la motivation d’écrire pour le blog. Depuis un an, j’ai fait avancer mon entreprise, les Décovores, à pas de géant. En tout cas quand il s’agit du lancement de mon activité, 2020 aura été cruciale. Entre analyser le marché, réfléchir aux services à proposer, créer mon site web, et nouer des partenariats… j’ai eu peu d’espace de cerveau disponible pour écrire. Sans compter évidemment le job à côté, la vie privée, enfin! Vous connaissez, je pense.
Aujourd’hui, mon quotidien s’articule entre développer mon marketing afin de trouver des clients pour mes services de déco – moi qui ne suis pas une « naturelle » des réseaux sociaux – tout en menant mon projet de thèse en sciences politiques de front. Ah oui, ça aussi. Et aujourd’hui, alors que ma journée se présentait comme tout sauf évidente – on a tous des journées où c’est « trop » – j’ai eu l’occasion de me poser une question cruciale: qu’est-ce que j’aime faire?
A l’aide de podcasts, et tout en bricolant (DIY spécial terrasse pour transformer des caisses en pots de fleur), je suis arrivée à une évidence: j’aime créer. Être créative. Et c’est nécessaire dans tous les aspects de ma vie, de la chercheuse assidue à la décoratrice passionnée. Mais c’est aussi vrai chez la lectrice et auteure de fiction que je suis (en cachette). Et j’ai réalisé que ce blog, en fait, c’était une plateforme pour moi, pour partager ce que j’aime, dans toute la complexité de ma personnalité. Car oui, voilà, je suis doctorante, administratrice d’ASBL, décoratrice d’intérieurs, passionnée d’art et de design… je suis beaucoup de choses, mais je suis aussi une sorte d’être hypersensible et avec plein de centres d’intérêts, mais que l’on peut résumer à trois valeurs qui sont au coeur des Décovores: authenticité, durabilité, esthétisme. Alors, aujourd’hui, je vous propose d’entrer pour la première fois dans un contenu un peu différent – donc, pas de la déco à proprement parler – mais qui répond à cette troisième valeur essentielle: mon amour du beau!
Comme je l’ai dit, j’aime écrire, mais j’adore surtout lire. Et j’ai un auteur préféré qui n’est pas celui de la plupart de mes amis: Emile Zola. J’ai longtemps cherché ce qui me poussait à l’apprécier autant: son projet de dépeindre la société son temps? Ses thématiques fortes? Oui, sûrement. Mais aussi, cette émotion intense qui me prend chaque fois que je lis une description de Zola. De tous les auteurs que j’ai lus, je n’ai jamais trouvé une plume me transportant autant que la sienne. Et pourtant, la majorité des personnes que je connaissent le trouvent lourd, long, pesant… Pourquoi?
J’ai une hypothèse, peut-être me contredirez-vous? Je pense que dans notre période d’immédiateté, la lecture d’une longue description peut sembler être une perte de temps. Pourquoi lire en plusieurs pages ce qu’une seule image permet de traduire? Le cinéma a d’ailleurs cette faculté absolument fabuleuse de réussir à traduire en quelques plans une ambiance qui autrement nécessiterait plusieurs dizaines de minutes de lecture. Mais la description, je le pense, a une vertu que je crois essentielle:
Le lecteur qui lit: « En levant les yeux de son écran, Pauline vit soudainement un éclair roux passer devant ses yeux: un écureuil venait de passer dans l’un des arbres qui longeaient l’immeuble.. Elle suivit quelques instant sa course effrénée de haut en bas du tronc, sautant d’une branche encore dénudée à une autre, où quelques feuilles d’un vert tendre tremblaient légèrement. Elle ne put s’empêcher de sourire, alors que le soleil pointait enfin à travers le feuillage, venant asperger la terrasse moussue de lumière dorée. Les manteaux de lierre qui étreignaient les quelques arbres se paraient également de reflets joyeux. De temps à autre, un oiseau chantait tandis qu’au loin, le murmure de la ville et le vrombissement des moteurs semblaient ne pas vouloir faire oublier à Pauline qu’elle était à Bruxelles »
Pensez-vous avoir en tête les images, les bruits, que je vois et que j’entends, en vrai? En principe – sauf peut-être si vous êtes déjà venus chez moi -, non. Et c’est tant mieux. Ce qui est magique, c’est que chaque lecteur se créera à la lecture de ces lignes, sa propre image. Et chacun d’entre nous la construit progressivement, au cours de la lecture, en remplissant les blancs de sa propre imagination. Tiens, la cloche de l’église d’à côté vient de sonner la demi-heure. Je viens d’ajouter un élément à votre image mentale! Mon bureau est bleu au fait. Et hop, me voilà encore en train de… brider votre imagination!?
Car c’est là que la qualité de la description entre en ligne de compte: le dosage est la clé. En ne décrivant rien, un auteur peut nous perdre… mais à tout décrire, il ne reste plus rien à rêver. Or c’est bien ce que l’art, dont l’écriture fait partie, doit faire: nous donner des nuances, des teintes pour observer la réalité sous un jour nouveau. Ci-dessus, je vous parle de la lumière, certainement parce que depuis le début de ce printemps, nous en avons peu eu à Bruxelles. C’est donc quelque chose à quoi je suis particulièrement sensible. Me voilà même à trouver cette vilaine loque verte qui traine sur le coin de mon bureau jolie, avec la lumière qui danse dessus! Et pourquoi? Parce que je suis particulièrement sensible à elle… Tout n’est qu’émotion, n’est-ce pas? Eh bien, voilà la preuve.
C’est pour cette capacité à réveiller nos sens tout en nous laissant l’espace de les laisser parler également que j’aime les descriptions dans les livres. Alors oui, peut-être que Zola les pousse très loin – je partagerai certainement mes préférées prochainement! – mais au final, comme toujours, il s’agit d’expression: c’est sa sensibilité qui s’exprime dans ce qu’il « voit » (dans sa tête). Au final, en déco comme en écriture, c’est par petites touches qu’on peut montrer notre soi intérieur.
A vous… décrivez-moi un endroit que vous aimez !