Temps de lecture: 4 minutes

Il y a plus d’un an, je me posais la question suivante: la décoration est-elle néfaste pour la nature ? J’ai déjà abordé la question des brocantes dans un article dédié à vous donner quelques conseils pour les achats en seconde main; mais cela fait longtemps que je souhaitais aborder plus en détail la décoration responsable, en parallèle de ces alternatives. Avec tout d’abord une petite parenthèses sur une question, qui reste d’actualité: les marques se sont-elles engagées pou la protection de l’environnement ou s’agit-il surtout d’une tentative de greenwashing, pour garder les consommateurs critiques ?

Mais qu’est-ce que le greenwashing ? Il s’agit d’avoir recours à une communication ou un marketing mettant en avant des arguments « verts », pour vendre un produit qui ne l’est pas vraiment. Ce procédé est utilisé depuis longtemps par les grandes entreprises afin de redorer leur blason face à des critiques parfois virulentes. Ainsi, les supermarchés, marques de vêtements, de voitures, ou de sodas, font tout pour nous convaincre qu’elles font leur maximum pour sauver la planète. Mais si certains cas sont très clairs – qu’on le veuille ou non, le modèle économique agro-industriel ne sera jamais vraiment bon pour la planète – Il est parfois plus difficile de trancher.

Ainsi la chaîne de restaurants Exki, qui se vante pourtant d’être « nature’s kitchen » propose de très nombreux produits emballés, et ce même s’ils sont consommés sur place – et des couverts et gobelets jetables. Et IKEA, bien que se lançant dans un grand processus de protection de la planète, produit tout de même la majorité de ses meubles à base de particules de bois et beaucoup, beaucoup! de colle. Il est souvent très difficile de faire la différence entre une initiative purement commerciale et une entreprise qui fait « ce qu’elle peut » sans remettre forcément son modèle économique en question. La question de la limite qu’on pose est grandement individuelle, et il n’est pas nécessaire de diaboliser ces grandes enseignes, même si l’on peut critiquer certains aspects de leur politique… Il n’est donc pas évident de se lancer dans une démarche écoresponsable !

Et qu’en est-il de la décoration ?

Ce qui compte le plus pour nous, consommateurs, est de prendre en compte plusieurs aspects de la décoration que nous achetons, en fonction des sensibilités qui nous sont propres. Vous voyez ci-dessous quatre groupes de questions qui sont autant d’angles d’attaque de la problématique. Cependant, il est assez clair qu’il est impossible ou plutôt très difficile et contraignant de suivre ce qui peut apparaître à première vue comme des règles de conduite. En effet tant en termes de temps, que d’accessibilité de l’info, et encore de moyens, nous ne sommes pas toujours capables de s’assurer que tous nos questionnements trouvent des réponses satisfaisantes. Il est de notre liberté de choisir quels combats sont les nôtres, et quelles exceptions nous voulons faire

  • Où l’objet est-il fabriqué ? Est-ce dans une usine à l’autre bout du monde, ou plus proche de nous ? A nous de poser la limite. L’industrie de la décoration européenne est en effet très prolifique, et il n’est pas toujours nécessaire d’aller plus loin que la Turquie ou la Pologne, par exemple, pour trouver du mobilier fabriqué localement, et de qualité. Il ne s’agit pas ici de critiquer le « made in China » pour une moindre qualité des produits, mais bien de faire le choix de produits fabriqués (et pas seulement créés) plus près de nous.
  • Comment et par qui est-il fabriqué ? Quels sont les processus de fabrication à l’oeuvre ? Sont-ce des machines ou des humains qui ont fabriqué l’objet ? La production de celui-ci est-elle néfaste pour la nature – en termes de consommation d’énergie, d’eau, de ressources diverses… A ces questions peuvent être rajoutées des interrogations relative au bien-être des personnes ayant travaillé à l’élaboration du produit : la marque ou le producteur respectent-il les droits de travailleurs ? Respectent-ils le territoire sur lequel l’usine est ancrée, son histoire, les populations locales ?
  • Dans quels matériaux est-il fait ? Certains matériaux étant plus écologiques que d’autres, mais également plus locaux, il est intéressant de se poser la question des ressources utilisées pour produire le meuble. Préférer un bois local respectueux des labels en matière de protection des forêts, à un bois précieux, rare, et venant de loin; éviter le plastique, issu du pétrole, dont les stocks diminuent fortement; choisir des textiles naturels plutôt que synthétiques, sont autant de moyens de s’assurer d’un impact moins fort de nos choix décoratifs. Cette question est aussi celle du choix d’une peinture respectueuse de l’environnement, mais aussi des produits choisis pour traiter ou rénover les objets. Choisir cet angle comme « cheval de bataille » est cependant déjà plus coûteux pour l’amateur de décoration puisque cela signifie de restreindre parfois son choix et ses options en matière de décoration.
  • Comment est-il transporté ? Il est possible aussi de nous préoccuper de la méthode d’acheminement de l’objet. Fait-il l’objet d’un transport individuel pour être livré chez nous ? Le producteur ou la société de livraison mettent-ils en oeuvre une politique favorable à l’environnement, en n’utilisant par exemple que des véhicules moins polluants ? Les produits sont-ils acheminés  en train, en bateau, ou en avion ? Tant de questions qui peuvent également guider nos achats.

Ces questionnements, malgré qu’ils passent le filtre de nos choix, impliquent idéalement d’aller plus loin que la pub, et les arguments marketing qui peuvent contenir du greenwashing… et de réellement se renseigner. Heureusement pour nous, la plupart des marques qui se veulent plus conscientes détaillent leur politique sur leur site web en détails. Libre à nous de les questionner, d’aborder à quel point l’aspect environnemental compte pour nous, et de choisir, au final, ce que nous souhaitons valoriser. Mais veillons à ce faire sans nous mettre sur les épaules une pression démesurée, et laissons nous le bénéficie et la liberté d’être également incohérents.

Pour aller plus loin :