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— C’est néo-classique?
— Non, éclectique.
Voilà, le mot est prononcé. Ma découverte de l’éclectisme commence au cœur de Saint-Gilles, où un ami français avait planifié un petit tour des bâtiments classés. Car vous l’aurez vu sur Instagram: il y a de quoi s’intéresser à cette commune bruxelloise, si l’on aime l’époque de l’art nouveau, l’art déco, mais aussi… l’éclectisme. Il est présent un peu partout à Bruxelles, ce style qui finalement n’est qu’un « melting pot » des styles ayant précédé. Il s’oppose à l’historicisme qui vise, lui, à les reproduire fidèlement, en gardant les caractéristiques des styles, sans les mélanger.
Alors oui, appeler de l’éclectisme « néo-classique » est une erreur. Car les éclectiques, justement, sont nés dans une volonté de s’opposer à la codification, à la géométrie bien trop proche des canons antiques, et ce pour reprendre « un peu de tout » dans le passé architectural. Ceci étant dit, l’architecture, et l’art en général, ont de tout temps été piocher dans le passé, en mélangeant références antiques et modernes. A ce titre, le baroque ne serait-il pas pleinement éclectique, puisqu’il est empreint d’influences diverses? La question est profonde; et finalement ce n’est qu’en connaissance la date de construction du bâtiment (de 1850 à 1914 environs à Bruxelles), voire même son architecte qu’on peut décider si oui ou non il s’agit d’éclectisme.
Pour ce qui est de la Bourse de Bruxelles (ci-dessus), elle n’est non pas néo-classique mais bien éclectique. Car à côté de la structure en temple antique, typique du néo-classique, on retrouve une flopée de détails, des fioritures, et surtout ces statues debout sur le « temple » qui ne sont pas typiques de ce style. En fait, on a affaire à un mélange de styles avec des détails Renaissance, Second Empire… et si je vous épargne les détails, c’est aussi parce que ce bâtiment à lui seul mériterait un article!En attendant, quelques photos de maisons – moins monumentales – éclectiques (toutes © SPRB-DMS):
Je dois avouer aimer beaucoup ce style éclectique, de par sa philosophie. Je trouve l’idée de choisir, de ne pas justement choisir un style unique une d’une richesse folle. Il s’agit de dire à la société: non, je ne suivrai pas tes règles établies, et je suivrai mes envies, en fonction de ce que mon esthétique me dit. Et ça, ça me parle.
En déco d’intérieur, encore aujourd’hui, on parle d’éclectisme: il s’agit de créer un intérieur en mélangeant des pièces de différents styles. Ainsi on installera dans un salon aux cheminées de marbre un tantinet ouvragées un grand miroir baroque, affublé d’un grand tapis et de fauteuils scandinave… et puis, pourquoi pas des lampes et une table indus? Voilà.
Quelques photos de ce que ça donne:
Mais attention, éclectisme ne veut pas dire nécessairement « chargé ». Ca veut simplement dire faire des choix dans tous les styles pour approcher au plus de ce qu’on aime, de qui on est. C’est à dire, non-monolithique, unique, et plein de facettes différentes. Car au fond en déco, ce qui compte, c’est d’abord de faire s’aligner qui l’on est et où l’on vit!
Deux références autour du sujet:
- Une analyse de l’ARAU (Atelier de Recherche et d’Action Urbaines asbl) sur « La valeur historique, architecturale et urbanistique de la Bourse » (19/8/2016)
- Iris Monument: la référence en matière d’urbanisme et de styles architecturaux en région Bruxelloise
Illustration de l’article: La Bourse de Bruxelles – © SPRB-DMS